Quand j'avais lu votre blog et découvert la thématique de la pièce, j'étais déjà très intéressé. De plus, à titre personnel, les histoires où des personnages se croisent, où les existences s'entremêlent, où les témoignages des uns et des autres finissent peu à peu par donner au puzzle de vie une vraie cohérence, ces histoires-là, j'adore. Les deux pièces présentées le dimanche 2 novembre au Festival de la Plaine "Sans crier gare" et "le fils" sont de cette veine.
Et la vôtre ? C?était un pari sur la confiance, sur l?impression première ressentie à distance. La plupart du temps, quand nous faisons la programmation du festival, nous allons voir beaucoup de spectacles et nous proposons à la programmation des choses que nous avons vues et aimées. Pour vous, ça a été un coup de c?ur. Et votre blog traduit parfaitement l?âme de ce que vous faites, de ce que vous êtes. Rien que pour cela, ça valait le coup de vous programmer. Au-delà d?une pièce, c?est une forme d?existence que le public a vu sur la scène, une façon de questionner la vie dans sa profondeur, dans sa jeunesse, tout en prenant le recul amusé de ceux qui savent tourner au jeu ce qui peut être drame. Ainsi, on s?émeut, on s?interroge, on rit. Parfois on redevient enfant. Il y a beaucoup de maturité dans votre travail, de justesse. Cette forme de théâtre contemporain est nécessaire. Il y a de la citoyenneté dans votre démarche, car, en interrogeant les raisons de notre place sur cette terre, c?est donner la place à chacun d?y exister. Poser la question de l?amour, c?est poser la question de la reconnaissance de l?autre, du fait qu?on existe, qu?on porte un nom pour ne pas être transparent aux yeux des autres (n?est-ce pas Mike ?). Que, pour ne pas en vouloir au monde entier, il nous est nécessaire d?être reconnu à une juste place, qui que nous soyons (n?est-ce pas la « fausse » méchante ?). Le bien et le mal. Le gentil et le méchant. Docteur Jekyll et Mister Hyde se combattent en nous-mêmes (n?est-ce pas Marion A et Marion B ? Marion C peut-être aussi ?). Oser être malgré les doutes, accepter nos hésitations pour avancer quand même (n?est-ce pas La voyante ?). Nous voilà au c?ur de nos contradictions. De façon simple, dans la fougue de vos voix chantantes. Merci de ce que vous nous avez apporté. Vincent, ton texte est très beau. Bravo.
Pour finir cette bafouille, juste une image : celles de cinq marseillais égarés sous la pluie sur un parking de MacDo bourguignon, le sourire aux lèvres et un Mamadou heureux de les retrouver. En parabole de votre pièce, le doute et l?égarement comme source de création, comme origine de tous les possibles. Comme quoi : réalité ou fiction ?
Plein de bises chaleureuses. Prenez soin de vous, de votre théâtre. Vous existez au-delà de Marseille, quelque part vers le nord?
Heureux les fêlés parce qu'ils laissent entrer la lumière...