Association COUP de THEATRE

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Etoile je suis dans la nuit. J'envoie ma lumière vers les rêveurs, les épicuriens, les poètes et tous ceux qui savent capter l'instant. Il ne m'est pas nécessaire de le faire pour les autres. La nuit, ceux-là dorment à poings fermés et ne voient que les catastrophes qui auraient pu arriver, les pièces comptables des dossiers en cours ou des morceaux de vie incompréhensibles sans lien apparent entre eux rendant ces dormeurs maussades. Ces flashs sans logique réveillent au matin des gens qui noient leurs soucis a priori inutiles dans le cours rapide des choses à faire. Moi, l'étoile, je n'adresse ma luminosité qu'à ceux qui savent lire dans le noir, les yeux grands ouverts même quand les paupières sont fermées. Les Saint-Exupéry et les Petits Princes, le petit peuple sans héros de Colum MacCann, les Lilly et les Pedro. Pour eux, je brillerai jusqu'à ce que ma contenance gazeuse en fusion ne contienne plus la moindre quantité de matière. Alors une de mes condisciples prendra le relais pour que se poursuivent l'utopie, l'aléatoire, tous les possibles qui s'évaporent chassés par le pragmatisme et la raison.
Les Lilly et les Pedro. Lilly et Pedro. Pour cet instant où les voilà blottis l?un contre l?autre au bord du lac de Servoise, il a fallu toute une longue histoire, jamais sûre, ponctuée de points de rupture où chacune de leur vie aurait pu basculer dans un autre sens. Le jour où Pedro a acheté ses fleurs, Lilly aurait pu être en congé, ou malade, ou simplement pas là. Pedro aurait peut-être pu acheter son cadeau plusieurs jours à l?avance. Quelque chose d?autre que des fleurs. Et ce stage photo ! Il n?était pas prévu que Pedro participe à l?encadrement. Et Lilly avait mille autres choses à faire. Mais elle a choisi ce stage photo.
Dans cette suite de micro-évènements, le temps s?écoule à des rythmes déréglés, tantôt agités, tantôt immobiles, tantôt lumineux. Et maintenant tout s?arrête pour eux deux. Cette nuit où je les éclaire sans que personne ne les voie.
Qu?adviendra-t-il au lever du jour ? Demain ? Dans trois mois ? Dans cinq ans ? Ces questions ne se posent pas. Quand on accepte de prendre les secondes, une par une, d?en tirer la force du présent, il n?est plus utile de chercher dans un avenir hypothétique un bonheur possible à espérer.
Moi, l?étoile, je laisse Lilly et Pedro dans ces instants de paix, ces secondes longues comme des éternités. Dans la fraîcheur de la nuit, ils ont chaud l?un de l?autre et, quoiqu'il arrive, tout ce qu?ils se donnent ne pourra jamais leur être repris. Au matin, je fermerai mes yeux. Et les laisserai à ce qu?ils feront de ce trésor. Celui qu?ils se sont donnés.



Derni?re modification le 18-10-2008 ? 23:34:03
Heureux les fêlés parce qu'ils laissent entrer la lumière...

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C'est en effet une possibilité. La proximité du Festival de la Plaine m'a donné envie de donner une cohérence plus ou moins "finale" au texte afin de pouvoir l'exposer sur les murs du Café Festival. Ceci dit, d'autres personnages ont encore des possibilités de faire parler d'eux, la copine de Lilly par exemple, ou Ahmed, ou encore Laura et son ex. ça peut être aussi une fin pour cette histoire et un début possible d'une autre, intégrant les personnages dont on a peu parlé. A nous de voir...
Heureux les fêlés parce qu'ils laissent entrer la lumière...


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